Chiloe

Hola todos !

Avec du retard, accumule pour plusieurs raisons (baisse de motivation pour ecrire, dernieres semaines riches en rencontres, en rebondissements et en piscolas, faible connectivite a internet...), je vous livre les derniers recits de ce que peut donner ce voyage au Chili... 

Apres avoir quitte le continent, par temps radieux, sur les eaux calmes, et fuyant peu a peu les cimes enneigees des volcans andins, je me dirige, sereinement, sur l'archipel de Chiloe. Une femme prie, sur le pont, pour que la traversee se deroule en toute quietude... temoignage supplementaire de la piete chilienne. Je ne sais si c'est grace a ses prieres, au temps calme ou a l'experience du capitaine, mais la traversee Chaiten-Quellon se fera sans encombres. L'objectif principal est d'y retrouver Daniel, un ami, qui travaille dans une station d'ecologie et de biologie, la Senda Darwin.

Apres un trajet de quelques heures, agreable, ponctue par le chant des mouettes et la visite de quelques otaries, la terre est en vue. Les premieres impressions sont des plages, et rapidement, des landes arbustives.

Chiloe est un archipel, constitue de la grande île de Chiloe, et d'un tas de petites iles minuscules. Un paysage vert, bucolique, entre patures collineennes et forêts. Un relief adouci apres un mois sur cette Carretera Austral qui offrait des panoramas bien plus arpentes et abrupts. Et la douceur et la rondeur des collines changent un peu. C'est tres agreable. Ce qui m'a vraiment marque sur Chiloe, c'est toute cette atmosphere marine. Ca sent la mer, les coquillages, la maree, et apres ce mois de cordillera ! Ca fait plaisir ! Le changement...

Mon temps est compte, j'aimerais rejoindre rapidement Daniel, a l'autre bout de l'ile, avant la tombee de la nuit. Alors je me frotte un peu au stop en me fixant une heure limite ou il me faudra envisager de prendre un bus. Et le choc est brutal. Finie la Carretera Austral. Fini le stop facile, ou je n'avais qu'a marcher au milieu de la "route", attendant la gentillesse des "campesinos". Je suis a present sur la Panamericaine, autre route mythique qui dessert tout le continent americain... Autant dire que l'infrastructure est toute autre. La route est parfaite, trop parfaite... Les vehicules sont bien trop rapides, le trottoir, bien trop mince. Le stop, devenu dangereux... Je pense qu'il va falloir que je revoie ma strategie. Je prend un bus. J'ai perdu cette bataille, mais je ne renoncerai pas si rapidement...

Je revoie Daniel, avec un plaisir immense ! Ca sent le retour a la civilisation... Il va me faire beneficier de toutes ses immenses connaissances en sciences naturelles, et surtout en ornithologie. Nous passons quelques jours a observer, collecter des donnees pour tous types de projets de recherche. Et grace a lui, d'une pedagogie infinie, je retiendrai quelques noms d'oiseaux locaux et de la flore locale egalement. Je decouvrirai aussi les Monitos del Monte, des petits marsupiaux endemiques adorables. Fait marquant de la semaine, je ferai aussi ma rencontre avec les forets natives chilotes..."Une jungle impenetrable", comme la decrivit Darwin lors de ses voyages sur l'ile. En effet, avancer dans un tel element est penible, pesant physiquement. Les troncs enchevetres, lies par des reseaux de lianes et de mousses epaisses, conferent aux forets un caractere inextricable. Sans Daniel, je me serais perdu, et cela demande un effort considerable en concentration, pour voir ou je pose pieds et mains... Ce qui me rassure, c'est que sur l'ile, il n'y a ni serpents, ni araignees venimeuses. Et la, je me rend compte, une fois de plus, de l'exploit personnel de Mike Horn lorsqu'il traversa la jungle amazonienne, seul... Experience richissime. On s'arrete pour gouter les baies locales, toutes savoureuses, ou pour ecouter le chant des chucaos. J'en apprend enormement de ces forets, reputees pour etre les plus belle du pays. Merci Daniel pour cette visite incroyable.

Touristiquement parlant, Chiloe est surtout reconnue pour son architecture, a base de bois de cypres ou d'alerce, un arbre imputrescible dont l'exploitation est aujourd'hui interdite. Et les nombreuses eglises, integralement en bois, inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO en temoignent. Certaines sont des chefs d'oeuvre de savoir faire architectural, sans clous ni vis. Nees de l'ingeniosite chilote, les bois s'encastrent parfaitement, les petites tuiles agencees, les decorations interieures finement sculptees, ces eglises meritent sincerement le detour. Je retiens particulierement celle d'Achao. L'autre curiosite architecturale, sont les "palafitos", ces maisons sur pilotis, colorees, qui bordent le littoral de Castro. A maree haute, les habitants viennent amarer leurs bateaux directements aux pilotis et entrent chez eux... Pittoresque.

Niveau gastronomie, la grande majorite des plats sont a base de "mariscos", comprendre fruits de mer et poissons en tout genre. Je devorerai "cancato" : saumon et porc, oignons, tomates, poivrons et pomme de terre, le tout sous une epaisse couche de fromage fondu. Le melange est etonnant mais delicieux. Et bien sur, un "curanto", plat typique de l'île. Le "curanto" se compose de coquillages en tout genre, notamment des churrascos (moules aux dimensions impressionantes), des coques, avec du porc fume, des saucisses, pommes de terre, et une sorte de beignet avec de la graisse animale a l'interieur.... Tres riche... Historiquement, il se cuisine dans un trou, creuse dans le sol, par des pierres chauffees par les cendres, le tout recouvert par une couche de feuilles de "nalcas". En revanche, aujourd'hui, il est de plus en plus difficile de le consommer de la sorte... D'autant plus hors saison. Je ne pense pas que les restaurateurs prendraient le temps de le cuisiner de maniere traditionnelle, juste pour moi... Dommage...

Je rencontrerai ici des gens sympathiques, les habitants de Chiloe sont reputes pour leur extreme gentillesse. Notamment la Vale y Manuel, qui m'hebergeront deux nuits et Pablo qui m'emmenera decouvrir les saveurs et couleurs du marche local de Castro. Je suis choque par des carottes aux dimensions impressionnantes ! 

Mais voila, l'envie de rejoindre rapidement le Nord me titille de plus en plus. Et les musiques peruviennes que me fera ecouter Daniel, ainsi que ses temoignages sur ses voyages au Perou et en Bolivie m'y encouragent encore plus. Je continue mon periple vers le Nord, j'aurais profite d'une semaine de soleil parfait (chose qui, parait-il, est tres rare sur l'ile) et appris beaucoup sur la nature chilienne. Je partirai, en stop ! La strategie est changee !! J'investis les stations services et profite que les agents fassent le plein pour engager la conversation avec les chauffeurs. La plupart me repondent "Es que voy aqui no ma" ou leur "Vivo cerquita" avec l'accent chantant du sud du Chili. Malgre les reponses negatives, cet accent et la sincere gentillesse dont ils font preuve me donnent le sourire et l'envie de continuer. Coup du sort, un couple de petits papis adorables, me feront faire quelques kilometres. Ils ont deux filles, une agronome, et une infirmiere. Je ne peux m'empecher de leur expliquer et de rire ! :) Plus tard, un transporteur d'huiles de poissons m'emmenera jusqu'a Puerto Montt. Il est cultive, me parle beaucoup d'oeuvres francaises et on chantera notamment du Edith Piaf dans le camion. Memorable !!

Ca y est je pars ! Et je gagne de nuit, Puerto Montt. En descendant du camion, je loupe une des marches glissantes et fais une chute d'un bon metre. Je retombe sur mes pieds, mais avec le poids du sac a dos, je vais me trainer une douleur au dos et a l'epaule durant quelques bons jours... A surveiller !

Comme d'habitude, vous me manquez ! Je pense a vous !

LOVE IS ALL !